Le baiser du soir – Clémentine BEAUVAIS, Camille ROMANETTO

Avec ce livre, chaque lecteur, petit ou grand, se laissera emporter par la magie de l’instant attendu, celui qui transforme un soir ordinaire en un moment précieux et fragile.

Du fond de leur lit, tous les enfants attendent le baiser du soir. Clémentine Beauvais restitue ici cette attente interminable magnifiée par Proust – Longtemps, je me suis couché de bonne heure… – dans la forme courte de l’album, subtilement découpée, pour mieux la sentir et l’éprouver. Et, comme l’enfant, se prendre à vouloir retarder l’arrivée du baiser, car une fois qu’il sera là, « il sera fini ». Un album qui, à la fois, rend hommage à la scène célèbre, et parlera à toutes et tous, sans avoir besoin de la connaître.

Danser avec le vent – Emmanuel LEPAGE

Mieux qu’une simple bande dessinée, un témoignage de la vie sur les îles Kerguélen, ses habitants humains et non-humains et l’impact des changements climatiques en cours sur ce minuscule univers.

Avec ce genre d’ouvrage, on ne lit pas, on embarque : dès les premières pages, on est happé par les visions justes et souvent grandioses de la nature, dépeinte sur une succession de gros plans ou de plans larges où domine le bleu dans toutes ses nuances. L’histoire – comment vit la communauté des scientifiques des Kerguélen – est accessoire à mon sens ; ce qui importe, c’est la scène où elle se déroule, la désolation grandiose de l’Antarctique, et le ballet des humains qui s’y aventurent avec une Nature qui les rendent minuscules – et humbles.

Éditions Futuropolis. 205 pages. 29 euros.

Trois fois la colère – Laurine ROUX

Plus qu’un roman, c’est un règlement de comptes à plusieurs générations d’intervalle qu’a composé Laurine ROUX avec Trois fois la colère, fresque médiévale confrontant des personnages marquants – un seigneur meurtrier et dominateur, des triplés abandonnés qui prendront leur revanche – avec la nature, témoin involontaire de cette tragédie.

Plantée dans un Moyen-Age violent et profondément inégalitaire, l’intrigue de ce roman historique démarre un coup d’épée mortel, celui d’une jeune fille qui fait passer son grand-père de vie à trépas. Puisqu’on en connaît déjà l’issue, tout l’intérêt de ce nouveau roman de Laurine ROUX consistera à comprendre ce qui a mené à cette tragédie qui prend racine plusieurs générations en arrière, entre des triplés séparés à la naissance et reconnaissables à la même marque portée autour du coup, un homme innocent mené au bûcher pour un crime qu’il n’a pas commis, une veuve réfugiée en forêt et harcelée par le seigneur meurtrier et tout puissant. Un drame médiéval aux connotations bien actuelles, évoquant sans détour la domination masculine, l’injustice sociale, le besoin de réparation des victimes.

Éditions du Sonneur. 244 pages. 20 euros.

Les formes de la nature – David MAITLAND

La Nature est une artiste, il suffit pour s’en convaincre de parcourir ce livre-hommage à son talent. Jamais l’expression « beau livre » n’a été aussi juste.

En 9 chapitres (Formes, Spirales, Couleurs, Flux, Beauté…), ce catalogue propose une riche collection de planches (un texte descriptif aux connotations souvent poétiques sur la gauche, une photographie grand format superbe sur la droite) qui nous font redécouvrir toute cette beauté de la nature, si discrète et pourtant si splendide. Après avoir refermé ce livre-hommage, vous allez vous endormir avec des étoiles dans les yeux…

Éditions ULMER. 287 pages, 40 euros.